Pistolet Star damasquiné par María Jesús Berasaluze, modèle PD

1982 Pièce du mois pieza_type_1
En ce mois d’octobre auront à nouveau lieu les journées européennes du Patrimoine, qui cette année a pour thème : "Patrimoine, héritage de femme". Cet événement a pour objectif d’aborder le rôle de la femme dans la création et la transmission de notre patrimoine culturel. Pour nous unir à cette célébration, nous avons choisi comme pièce du mois l’un des pistolets damasquinés par l’artiste d’Eibar, María Jesús Berasaluze, avec une fine décoration formée de dragons, de fleurs et de motifs d’inspiration orientale. Cette virtuose du métier fut l’élève de Lucas Alberdi à l’École Municipale d’Eibar, qui exerça lui-même pendant de nombreuses années.
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Ce splendide pistolet modèle PD, fabriqué en 1982, est considéré comme l’un des plus petits modèles semi-automatiques fabriqués dans le calibre 45 ACP. Son mécanisme est simple, avec un chargeur à six cartouches, basé sur le modèle Colt 1911-A1. Il fut très bien accueilli sur le marché civil aux États-Unis, où ce calibre était régulièrement utilisé dans les armes de défense personnelle, contrairement à l’Espagne, où ce calibre était moins courant, ce qui explique pourquoi les ventes n’y furent pas très élevées.

Le damasquinage est une technique décorative originaire des pays du Moyen Orient, qui consiste à incruster des métaux précieux dans du fer et de l’acier. Considérée comme une activité essentielle de notre ville armurière à une époque pour la décoration d’armes, elle sera aussi utilisée sur tout type d’objets décoratifs tels que vases, broches, étuis à cigarettes, etc.

L’histoire du damasquinage à Eibar, qui eut pour prédécesseurs l’ataujía (dérivé de l’arabe pour damasquinage) et le niellage, commença en 1865 avec Eusebio Zuloaga, qui réinventa cette technique disparue de la péninsule après l’expulsion des Arabes. Placido Zuloaga, son fils, poursuivrait le processus entrepris par son père, non seulement en l’améliorant mais aussi en utilisant une technique complètement innovante qui améliorerait la qualité et la valeur artistique de la production.

Cette industrie artisanale, rapidement assimilée dans notre ville, impliquerait l’apprentissage et la préparation d’une partie de la population, composée aussi bien d’hommes que de femmes. Dans ce contexte historique et artistique, on relève l’importance du travail des générations successives de femmes d’Eibar qui exercèrent ce métier artistique. Parmi ses principales représentantes, Felipa Guisasola Gabiola (1852-1939) fut une pionnière et un référent du damasquinage à Eibar. Elle enseigna et transmit ce métier pendant des décennies, rendant possibles la formation et l’apprentissage des futures générations de damasquineuses d’Eibar qui, enfin, en 1989, pourraient accéder à la nouvelle École de Damasquinage d’Eibar, actuellement fermée.

Avec la sélection de cette pièce du mois, nous voulons vous inviter à réfléchir sur le rôle joué par la femme tout au long de l’histoire dans la société d’Eibar, et plus particulièrement dans la création et la transmission de notre patrimoine culturel. Relevons aussi que la relation de la femme d’Eibar avec le travail industriel et la production artistique du damasquinage fait d’elle une pionnière dans un contexte politique et social incertain où la femme ne pouvait pas toujours participer de manière majoritaire aux différents domaines de la vie sociale.