Carabine La Paloma Mod. PR gravée par Mateo Careaga.

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Dans le musée, nous avons préparé un agenda très complet pour le mois de mai. Parmi les activités que nous allons réaliser, nous inaugurerons le 6 mai (ce samedi) l’exposition « Gernika. Le cri de la douleur ».
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Comme beaucoup le savent, une grande fresque peinte par Picasso accapara l’attention du public dans le pavillon espagnol lors de l’Exposition internationale des Arts et des Techniques qui se tint à Paris en 1937 : le Guernica, un tableau que son auteur peignit sous le coup de l’émotion ressentie face aux événements survenus le 26 avril dans la localité du même nom et qui se convertirait en un symbole de l’antimilitarisme.

Bien que passant plus inaperçus, des armuriers et graveurs d’Eibar participèrent aussi à cette exposition, où ils montrèrent leurs travaux et partagèrent avec le public le savoir-faire de notre ville. L’exposition que nous avons préparée rend hommage à tous ces artistes, tout comme la pièce que nous avons choisie pour ce mois, qu’on put voir à l’exposition parisienne : la carabine La Paloma Mod. PR gravée par Mateo Careaga.

Cette carabine de chasse fut fabriquée en 1928 par la firme Viuda e hijos de Juan José Sarasqueta. Juan José Sarasqueta débuta comme armurier avec son frère Victor Sarasqueta en 1887. Mais au fil du temps, chacun suivit son propre chemin et en 1904 Juan José déposa la marque La Paloma pour distinguer ses carabines. Après sa mort, l’entreprise prit le nom de Viuda e hijos de Juan José Sarasqueta et exerça ses activités de 1920 jusqu’à 1975.

D’un point de vue plus technique, nous pouvons dire que nous sommes devant une arme à chargement par la culasse, à un seul coup, de calibre 12 mm et à percussion centrale. Le chargement est manuel et l’ouverture basculante. Les percuteurs comme la sécurité de la gâchette sont intégrés dans la bascule. Si nous regardons bien, nous observons que l’arme est à double détente : la première actionne le canon droit et la deuxième, le canon gauche.

La décoration aussi est très importante sur cette pièce. Celle-ci est ornée en effet de jolis bas-reliefs réalisés par le graveur Mateo Careaga. Sur la bascule, on peut voir trois scènes traditionnelles de chasse et divers motifs floraux ciselés en relief. Quant à l’auteur, Mateo Carega était issu d’une famille de graveurs d’Eibar et réalisa des œuvres d’une grande valeur historique comme les monnaies du Conseil des Asturies et du Léon, de l’an 1937. Il est également connu pour avoir été chargé de hisser le drapeau républicain pour la première fois lors de la proclamation de la Seconde République à Eibar, le 14 avril 1931, un honneur qui lui revint pour être le plus jeune conseiller du conseil municipal (il était militant d’Action Républicaine).

En dehors de l’exposition de 1937, cette carabine fut aussi présentée au roi Alphonse XIII lors d’une visite que le monarque réalisa à l’usine Astra, Unceta y Cia. en 1928. Par conséquent, il est clair que cette arme possède un parcours historique intéressant et qu’elle constitue un grand exemple de la qualité et de la valeur des œuvres réalisées par les armuriers d’Eibar.

Il est pour autant difficile de croire que la carabine fut perdue après l’exposition de Paris et qu’on ignora où elle se trouvait jusqu’à ce que la bascule apparaisse dans un atelier de réparation d’Eibar, dans les années 1950. Stupéfaits de la qualité de la gravure, les ouvriers contactèrent le damasquineur Pablo Sarasua, comme par hasard l’oncle de Mateo. Comme il lui manquait le canon et la culasse, il fallut la reconstruire, mais elle revenait enfin aux mains des Careaga. Ainsi, 30 ans après sa création, Mateo ajouta les détails décoratifs du canon.