Manuels, statuts et mémoires d’Alfa

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La pièce du mois de février est plus qu’une pièce, c’est un ensemble de registres d’Alfa. Grâce à eux, nous savons quelles étaient les conditions de travail de ses travailleurs, leurs droits, privilèges et obligations entre 1940 et 1960. Mais commençons par le commencement. Comment et pourquoi est née Alfa? Voici une histoire résumée de l’une des plus grandes entreprises d’Eibar.
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En 1920, un groupe d’ouvrier armuriers se réunit pour former une coopérative, la Sociedad Anónima Cooperativa de Producción de Armas de Fuego Alfa (société anonyme coopérative de production d’armes à feu Alfa), avec un capital de 300.000 pesetas. Leur premier atelier fut situé dans la rue Vista Alegre, où ils fabriquèrent dans un premier temps des révolvers de type Smith & Wesson, dénommés « esmitzak », mais les circonstances de la fin de la première Guerre Mondiale les obligèrent à prendre la décision de fabriquer et de vendre des machines à coudre. Ce pari pour les machines à coudre ne fut pas un simple caprice : leur fabrication était en effet compatible avec le type de machines qu’ils possédaient déjà et avec la formation des travailleurs. Pour lors, Alfa avait déjà transféré ses installations au Paseo San Andrés.

En 1927, ils fabriquèrent 1.750 machines ; en 1935, ils en étaient à 12.000, devenant ainsi des pionniers dans toute l’Espagne. Entre travailleurs et livreurs, Alfa fit vivre plus de 1.000 familles.

En 1946, ils commencèrent à exporter et dans les années 1960, ils avaient déjà leur propre réseau commercial : succursales de vente, représentants et agences dans toutes les capitales. L’entreprise exportait dans plus de 70 pays, surtout en Angleterre, en France et au Mexique, où ils avaient aussi une usine. Elle n’était pas seulement la plus grande usine d’Eibar, c’était aussi la plus renommée. D’ailleurs, les travailleurs d’Alfa semblaient jouir d’un statut différent et privilégié. Durant des décennies, ils n’oublièrent pas la mission et la raison d’être qui avaient présidé à la création de l’entreprise comme coopérative destinée à prêter un service à la société. Comme on peut le constater sur les registres, les travailleurs d’Alfa bénéficiaient de beaucoup plus d’avantages que dans toute autre entreprise, et entre autres, aides financières pour la retraite ou en cas de maladie, aides aux veuves et pour l’achat de médicaments… Des logements furent aussi construits spécifiquement pour eux, ainsi que des écoles, avec des colonies de vacances organisées pour leurs enfants ; l’entreprise créa des cantines, des économats et des bibliothèques pour les ouvriers et le personnel des bureaux.

Parmi quelques curiosités que nous avons découvertes en lisant ces documents, nous relevons en particulier celles-ci :

• Les normes qui établissent les règles à suivre par les assurés en cas de congé maladie.

• Dans la liste des médecins spécialistes, il est spécifié que la Dermatologie est le service qui traite les maladies de la peau ; le service d’Endocrinologie est dénommé « Nutrition et Sécrétions Internes ». Il existait aussi une consultation de pédiatrie pour les enfants des salariés sur l’avenue du Generalísimo.

• En cas de congé maladie, les travailleurs avaient le droit de toucher au maximum 37% de leur salaire pendant 6 mois, mais aux conditions suivantes : « Ne pas entrer dans des établissements publics et plus spécifiquement dans ceux de restauration et boissons » et « Être rentrés à leur domicile avant 21 h en été et au plus tard 18 h en hiver ».

• Le travailleur d’Alfa, ou sa femme, recevait une aide financière de 500 pesetas (3 euros) lorsqu’il se mariait et à la naissance de chaque enfant. Les veufs/veuves et orphelins recevaient une aide maximum de 1.000 pesetas (6 euros), plus la pension mensuelle, qui dépendait du nombre d’enfants (pour 5 enfants ou plus, 90% du salaire).

• Le travailleur qui prenait sa retraite après 20 ans de service avait droit à une pension maximum de 70% de son salaire ; s’il arrivait à 35 ans, il pouvait toucher 85 %.

• La bibliothèque était ouverte de 6 h 30 à 19 h 30. Pour chaque livre emprunté, l’usager devait verser 0,50 pesetas (0,003 euros) ; s’il perdait le justificatif du prêt, l’amende s’élevait à 2 pesetas (0,012 euros). Le travailleur pouvait emprunter un livre pour le plaisir et un autre en rapport avec le travail, mais jamais 2 livres pour le plaisir.

Vous pouvez consulter les documents ici

Ne perdez pas l’opportunité de découvrir en exclusivité cette petite collection de manuels et de statuts du musée.